À douze ans, Viola a déjà traversé bien des épreuves. Lorsqu'elle est envoyée chez son oncle en Bretagne, avec son frère Sebastian, on lui dit que l'air marin lui fera du bien. Il paraît que son oncle est très riche, qu'il habite un manoir, à Kerohan, et que l'on peut s'y reposer. Se reposer, vraiment ? Certes, le parc est immense, et Viola et Sebastian ont chacun une chambre, mais il n'y a pas grand monde pour prendre soin d'eux. Et qu'est devenue la prétendue fortune de leur oncle ? Le manoir est bien vide et, à Kerohan, Viola et son frère sont des proies faciles pour l'ennui et la solitude. Encore que. Peut-on parler de solitude quand d'étranges silhouettes parcourent les couloirs à la nuit tombée ? Quand Sebastian prétend avoir vu un korrigan ? Quand la salle de musique déserte résonne de la musique d'un piano ? Et que veille sur eux tous l'inquiétant docteur Vesper.
Qui êtes-vous ? répéta-t-elle ?
-Moi ? personne. Je ne fais que rendre service. Bien sûr, aucun service n'est gratuit, mais la vie est ainsi faite.
- Quel "service" rendez-vous à cette maison ? Ca a à voir avec l'Ankou, devina-t-elle.
- Sébastian, tu n'aurais pas...
- Quoi ?
Il la regardait de ses grands yeux inncoents. Evidemment qu'il n'avait rien demandé. D'ailleurs, Viola ne se souvenait pas d'histoire d'enfant concluant de pacte avec des créatures infernales. Sûrement parce que les enfants ne savaient pas bien lire et écrire.
- Non. Rien.
Les fenêtres du manoirs n'étaient plus que de petits points brillants au soleil.